Marche pour la paix du CDP : la réaction du Chef de file de l’opposition

“Comme tous les burkinabè, l’opposition a appris par voie de presse, que le parti au pouvoir, le Congrès pour la Démocratie et le Progrès, invite ses militants ce Samedi à une marche pour je cite, exprimer son soutien  à l’œuvre de paix du Président Blaise Compaoré, à son programme et aux réformes politiques. Fin  de citation !

Nous sommes en démocratie et la loi autorise les rassemblements. Le CDP est donc libre d’organiser des rassemblements et des marches.

Zéphirin Diabré, chef de file de l'opposition (Ph : B24)
Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition (Ph : B24)

Mais l’opposition et les Burkinabè s’étonnent que le CDP organise une soit disant marche pour saluer une œuvre de paix, seulement 7 jours après avoir réprimé violemment la marche de l’Opposition, et attaqué à la grenade lacrymogène et au fusil, des manifestants aux mains nues. Quand on veut vraiment la paix, on ne pourchasse pas des manifestants pacifiques come du gibier.

Ensuite l’opposition ne voit pas en quoi la paix est menacée dans notre pays. Si elle l’est, ce n’est surement pas de la faute de l’opposition. Tout le monde  convient que la marche de l’opposition de samedi dernier a été pacifique et que toutes les actions que nous menons se déroulent dans le cadre de la loi.

Si la paix sociale est menacée dans notre pays, c’est surement à cause de la politique menée par le gouvernement. Quand on protège les corrompus, qu’on ne s’occupe pas de l’éducation et de la santé, qu’on ne sait pas que la vie est chère, et qu’on se partage les marchés publics entre parents et amis, on sème les graines d’une destruction de la paix sociale.

Tout en saluant la contribution de leur pays à la promotion de la paix ailleurs, ce qui intéresse les Burkinabè, c’est ce fait leur Président pour résoudre leurs problèmes quotidiens. Du reste, la meilleure  manière de soutenir la paix, ce n’est pas de faire des marches ; c’est de résoudre les problèmes des gens.

Le CDP veut donner la réplique

On ne fait pas non plus de marche pour faire appliquer une loi. Si un gouvernement qui a la majorité au parlement est obligé de descendre dans la rue pour faire appliquer une réforme, c’est que le peuple ne veut pas de cette réforme !

Les Burkinabè notent que cette marche aura lieu juste une semaine après la marche réussie de l’Opposition. En fait, le CDP veut donner la réplique, mobiliser du monde et montrer que le Sénat est populaire, malgré ses démentis. Ce n’est pas la paix qui l’intéresse. La paix n’est qu’un prétexte. Du reste, le CDP évoque lui-même des soit disant réformes politiques. Or tout le monde sait que les principales réformes politiques qui intéressent le CDP aujourd’hui, c’est le Sénat et la révision de l’article 37 de la constitution.

“Opération politicienne”

C’est pourquoi l’opposition appelle les Burkinabè, à se démarquer de cette opération politicienne. Elle invite tous les burkinabè de bonne volonté,  à porter l’information juste auprès de la population et à lui faire comprendre que le véritable objectif de la marche du CDP, c’est de répondre à la marche de l’opposition,  de montrer que le sénat est populaire, et de préparer la révision de l’article 37 de la constitution. C’est surtout de faire en sorte qu’à l’extérieur du pays, on dise que la régime est populaire ! Une fois de plus, la paix n’est qu’un prétexte, et le CDP est très mal placé pour se poser en garant de la paix.

Du reste cette marche  se déroule dans une précipitation et une improvisation, et dans une atmosphère  qui n’augurent rien de bon quant à son  déroulement. Elle survient à un moment ou les esprits sont surchauffés, ou les passions montent, et où les gens, notamment les jeunes, ont les nerfs à fleur de peau. Dans de telles conditions, cette marche peut être perçue par une partie de la population  comme une provocation. Tout cela peut conduire à des débordements.

Les burkinabè savent que les marches du CDP s’organisent à coups de billets de 1000 francs, puisés dans les deniers publics. C’est encore à une débauche de moyens et d’argent que nous allons assister, au moment où nos malades continuent de dormir dans les couloirs des centres de soi.

Appel au Président du Faso

C’est l’occasion pour l’opposition de réaffirmer son opposition pleine et entière au Sénat inutile et budgétivore, à la révision de l’article 37, et à la politique du gouvernement.

L’opposition en appelle au chef de l’Etat pour qu’il calme les ardeurs de ses supporters dont le comportement et l’entêtement risquent  de perturber gravement la paix sociale.

Le Sénat étant  devenu non consensuel au niveau du peuple burkinabè. Un chef d’Etat doit  prendre en compte l’opinion de tous ses compatriotes,  et non pas la seule opinion de ses supporters.

Appel à boycott

C’est pour cela que l’opposition invite le Président du Faso,  à arrêter tout le processus de mise en place du Sénat et  à  dialoguer avec le peuple !

L’opposition lance un appel à tous les Burkinabè, pour qu’ils boycottent cette marche, qu’ils vaquent à leurs occupations et qu’ils évitent d’apporter de l’eau au moulin d’un pouvoir qui a oublié son peuple.”

Zéphirin DIABRE

Chef de file de l’opposition politique burkinabè

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